Le débat sur la rétrocession des fonds à la province du Kongo Central vient de prendre une nouvelle dimension, nourri par la publication de documents contradictoires et la sortie médiatique du journaliste d’investigation Joli Toko, qui appelle à la transparence et à la responsabilité des élus.
Tout est parti d’un document rendu public par l’acteur politique Merphy Lutete, dans la soirée du mercredi 25 juin 2025. Ce tableau, censé provenir du ministère des Finances, classe le Kongo Central comme la troisième province la mieux servie en matière de rétrocession depuis le début de l’année, devant le Lualaba de Fifi Masuka et le Haut-Katanga.

Relayé par plusieurs professionnels des médias, dont Joli Toko, ce tableau a suscité de vives réactions, tant dans l’opinion publique que dans les cercles politiques.

Le gouvernorat contre-attaque avec un document officiel

En réponse, les communicateurs du gouvernorat ont publié, moins de 24 heures plus tard, un tableau synoptique des frais de fonctionnement portant le code budgétaire 0622, où il est mentionné que le gouvernement provincial du Kongo Central a reçu 1.367.762.437,00 francs congolais pour le mois de janvier 2025.
Selon eux, ce document, estampillé de cachets officiels, vient contester ce qu’ils qualifient de « faux document » diffusé par Merphy Lutete.

Joli Toko : « Qui dit vrai ? »

Face à ces deux versions, le journaliste Joli Toko adopte une posture d’investigation prudente mais déterminée. Dans son émission politique enregistrée à Kimpese, il ne tranche pas, mais soulève une série de questions essentielles :
« Un acteur politique publie un tableau attribué au ministère des Finances. En face, le gouvernorat sort un document avec sceaux. Qui dit vrai ? Et qui cherche à embrouiller la population ? »
Pour lui, l’enjeu n’est pas partisan. Il s’agit avant tout d’un devoir de transparence envers la population :
« On parle ici de fonds publics destinés à faire fonctionner la province. C’est un droit pour les citoyens de connaître la vérité sur les montants réellement perçus. »
Un appel à la vigilance parlementaire
Dans cette même émission, Joli Toko interpelle les députés provinciaux et nationaux du Kongo Central, les invitant à prendre en main ce dossier, à vérifier les chiffres à la source et à exiger des réponses claires.
« Trop de flou autour d’une question aussi capitale. Ce n’est pas une affaire de communication, mais une affaire de développement. Nos élus doivent se lever pour faire la lumière sur cette situation », a-t-il martelé.
Un enjeu de gouvernance et de crédibilité

Cette controverse souligne noir sur blanc le manque de communication officielle cohérente sur les finances publiques au niveau provincial, et soulève une question plus large : la traçabilité des fonds et l’accès public à l’information budgétaire.
Alors que la province est confrontée à des défis multiples : routes délabrées, services sociaux précaires, retards de projets, le flou autour de la rétrocession ne fait qu’aggraver la défiance de la population.
« Si les documents sont authentiques, qu’ils soient publiés dans leur intégralité, avec les dates, les sources, les signatures. Ce n’est qu’à ce prix que la vérité pourra triompher », conclut Joli Toko.
Josué Muleli