Il a été détruit au cœur de Matadi, chef-lieu du Kongo Central, et, il sonne comme un rappel constant de ce que le temps et les promesses non tenues peuvent produire. Le stade Lumumba, chantier entamé depuis plus d’une décennie, est devenu le symbole d’un échec cuisant des politiques, d’un désintéressement criant pour la jeunesse sportive provinciale, et d’une gestion qualifiée d’opaque de fonds publics.
Aujourd’hui, ce projet inachevé aurait déjà englouti près de 48 millions de dollars, sans qu’aucune infrastructure moderne ne soit visible sur le site.
Un chantier qui défie le temps et la logique

Ce qui devait être un complexe sportif moderne et fonctionnel est aujourd’hui un site déserté, sans tribunes achevées, ni pelouse homologable, ni structures capables d’accueillir le moindre événement sportif d’envergure. Le stade Lumumba n’a cessé de changer d’entrepreneurs, de promesses politiques, de discours pompeux… mais pas de visage. Il reste un chantier figé dans le temps, dans une province qui, paradoxalement, joue un rôle central dans l’économie nationale et un visage sportif de renon.
Le Kongo Central, avec ses ports, ses ressources et sa position stratégique et géostratégique ne dispose toujours pas d’un seul stade aux normes olympiques. Une anomalie à laquelle s’ajoute l’absurdité d’un chantier qui semble avoir englouti des millions sans laisser de traces concrètes, un paradoxe.
Papy Mantezolo sonne l’alerte

C’est lors d’une conférence de presse tenue le samedi 19 avril dernier à Matadi a que le président de l’Assemblée provinciale, l’honorable Papy Mantezolo, a décidé de briser le silence. Devant la presse locale, il affirme que près de 48 millions de dollars ont été affectés à ce projet depuis son lancement. Des fonds colossaux qui, selon lui, n’ont pas produit le moindre impact visible.
Les députés provinciaux déçus après une descente sur terrain

Quelques jours avant cette déclaration, une délégation de députés provinciaux a effectué une descente sur le chantier. Objectif : constater l’état d’avancement des travaux. Le verdict est sans appel : déception générale.
Ce qu’ils ont vu n’a rien d’un chantier à plusieurs millions. Le site est dans un état de délabrement avancé, sans équipements, sans dynamique visible, avec des infrastructures inachevées et parfois même abandonnées.

Face à cette situation, l’Assemblée provinciale affirme vouloir jouer pleinement son rôle de contrôleur des actions du gouvernement. Des auditions et interpellations sont envisagées pour déterminer les responsabilités, et comprendre comment un tel projet a pu coûter autant pour si peu de résultats.
Une jeunesse oubliée, une province négligée

Le stade Lumumba devait être plus qu’un simple édifice : un lieu d’encadrement, de motivation, de rêve pour des milliers de jeunes passionnés de sport. Aujourd’hui, ces jeunes n’ont pour terrain que des espaces de fortune, souvent insalubres et dangereux. L’absence d’infrastructures sportives dignes de ce nom freine le développement du sport au Kongo Central, et tue lentement mais sûrement l’espoir d’une génération.
Et maintenant ?

Le cas du stade Lumumba appelle à une mobilisation citoyenne, politique et institutionnelle. Il ne peut plus être question de promesses sans résultats. Près de 48 millions de dollars ont déjà été déboursés, et le peuple du Kongo Central a le droit de savoir où est allé cet argent, qui en a profité, et pourquoi rien ne se voit.
Ce chantier, devenu emblème d’un système malade, corrompu et sans vision politique doit aujourd’hui redevenir une priorité. Pas seulement pour achever un stade, mais pour restaurer la confiance, redonner de l’espoir à une jeunesse trahie, délaissée et surtout rappeler que les fonds publics ne sont pas décaissés pour nourrir des promesses… bétonnées.
Josué Muleli