Le mercredi 16 avril dernier, l’Assemblée provinciale du Kongo Central a effectué une descente au stade Patrice Emery Lumumba de Matadi, suite à une motion d’information initiée par le député provincial Ruphin Kisilu et à la pression croissante de la population matadienne. Objectif : évaluer de visu l’état d’avancement des travaux de réhabilitation de cette infrastructure sportive emblématique.

Conduit par son président, l’honorable Papy Mantezolo Diatezua, le cortège des députés provinciaux a inspecté plusieurs compartiments du chantier : sièges installés, pelouses entreposées, vestiaires encore en aménagement, installations sanitaires et autres zones techniques. Le constat a suscité plus d’inquiétude que de soulagement.

« Notre constatation est mitigée, étant donné que l’évolution des travaux n’est pas ce à quoi nous nous attendions », a déclaré le président de l’Assemblée. Avant d’ajouter : « Même si nous leur posons la question, ils ne seront pas capables de nous confirmer ce qu’ils nous avaient dit en juillet 2024. Nous allons une fois de plus inviter les responsables de ces deux sociétés pour que nous puissions ensemble examiner l’orientation à donner à ce dossier. »
Les entreprises chargées des travaux, MANGO et SODIMAS, s’étaient engagées en juillet 2024 à livrer l’ouvrage pour mai 2025. Or, selon les députés, les signes visibles sur le terrain – le faible nombre d’ouvriers, l’absence d’outils en activité ne rassurent guère sur le respect de ce calendrier.

La réaction du ministre provincial en charge des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction, Jacques Khonde Mombo, a été sans détour. Selon lui, les fonds déjà débloqués devraient suffire pour une avancée significative. « Ce qu’ils ont déjà perçu devrait suffire. Même ce qui reste, si nous leur donnons, les travaux ne vont pas toujours terminer. Ils doivent s’expliquer devant les élus du peuple », a-t-il tranché.

Plus virulent encore, le député Ruphin Kisilu plaide pour une rupture de contrat pure et simple avec les deux sociétés. Il les accuse de mercantilisme et d’inaction volontaire, appelant même la population de Matadi à se mobiliser si les autorités provinciales tardent à agir. « Ces entreprises s’enrichissent sur le dos de la province. Si rien ne change, la population devra se prendre en charge », a-t-il lancé.

Même son de cloche du côté de l’honorable Victor Nsuami Mpaka, rapporteur de l’Assemblée provinciale, qui estime que la province ne peut plus continuer à collaborer avec ces prestataires. « Nous avons un mandat et un bilan à défendre. Ces sociétés semblent aller à l’encontre de nos objectifs. Je ne veux plus qu’on continue avec elles », a-t-il martelé.

Face à cette vague de critiques, les responsables des entreprises MANGO et SODIMAS sont attendus à l’Assemblée provinciale pour des échanges. Ils devront s’expliquer sur les lenteurs constatées et apporter des réponses concrètes aux inquiétudes formulées.

Alors que les échéances sportives approchent et que la population nourrit de grands espoirs autour de ce stade, le dossier du chantier Lumumba est désormais placé sous haute surveillance politique. Entre attentes populaires, engagements contractuels et responsabilités institutionnelles, la province du Kongo Central se retrouve à un tournant important.

Josué Muleli