La situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo demeure critique. Face à l’échec répété des négociations avec le M23, Me Michel Djoko Maleo, avocat près la cour, a adressé une lettre ouverte à Son Excellence Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale, ainsi qu’aux Honorables Députés nationaux. Il y plaide pour un changement radical de stratégie, misant sur une riposte économique et diplomatique afin d’assécher les financements des forces qui déstabilisent la RDC.
Un constat alarmant : l’inefficacité du dialogue avec l’ennemi
Dans sa lettre, Me Djoko Maleo rappelle que les tentatives passées de négociation avec le M23 ont systématiquement abouti à des trêves temporaires, servant uniquement à l’ennemi pour se renforcer et mieux s’infiltrer. Il estime qu’il est temps d’abandonner cette approche inefficace et dangereuse pour la souveraineté nationale.
Voici, in extenso, le contenu de sa lettre :
Lettre ouverte à Son Excellence Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée Nationale, et aux Honorables Députés Nationaux
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
La situation sécuritaire de notre pays, en particulier dans l’Est, reste préoccupante. Le peuple congolais, victime d’une guerre qui semble sans fin, s’interroge sur la pertinence de certaines approches diplomatiques mises en avant jusqu’à présent.
Par le passé, la République Démocratique du Congo a tenté à plusieurs reprises de négocier avec l’agresseur, en l’occurrence le M23, mais force est de constater que ces négociations n’ont jamais abouti à une solution durable. Chaque trêve obtenue n’a été qu’une anesthésie temporaire permettant à l’ennemi de se repositionner, de s’infiltrer davantage et de frapper à nouveau dès que les conditions lui étaient favorables. L’histoire récente nous a prouvé que la voie du dialogue direct avec ces groupes armés, manipulés par des puissances étrangères aux intérêts bien définis, est inefficace et dangereuse pour notre souveraineté.
Dans ce contexte, il est urgent de repenser notre stratégie diplomatique et économique afin d’ôter aux soutiens de ces groupes armés les bénéfices qu’ils tirent de l’exploitation illégale de nos ressources naturelles. À cet effet, je propose une alternative stratégique :
1. Identifier les acheteurs des minerais congolais qui s’approvisionnent aujourd’hui auprès de l’État agresseur, en cartographiant les firmes internationales et les États qui alimentent leur industrie avec nos richesses volées.
2. Négocier des partenariats d’exclusivité avec des puissances qui ne partagent pas les mêmes intérêts que nos ennemis, en leur proposant des accords gagnant-gagnant sur l’exploitation et la commercialisation de nos ressources. Cette démarche viserait à couper l’approvisionnement financier de ceux qui soutiennent l’agression contre notre pays.
3. Renforcer nos alliances avec des États capables de garantir notre sécurité, en leur offrant un accès privilégié à nos minerais en échange d’un soutien stratégique pour la défense de notre intégrité territoriale.
L’objectif n’est pas de vendre notre souveraineté, mais d’utiliser intelligemment nos ressources pour créer un levier diplomatique fort. L’histoire a montré que la géopolitique mondiale repose sur les intérêts économiques. Il est temps que la RDC adopte une posture proactive et cesse de se laisser imposer des solutions qui ne font que prolonger son calvaire.
Monsieur le Président, Honorables Députés, il est de votre responsabilité historique de porter cette vision et de donner au peuple congolais une véritable chance de sortir du cycle infernal des conflits. La RDC ne doit plus être un terrain de jeu pour des puissances prédatrices. Elle doit devenir un acteur économique et diplomatique majeur qui impose ses règles et défend ses intérêts.
Avec tout le respect dû à vos hautes fonctions, j’espère que cette proposition trouvera un écho dans vos réflexions et vos actions en faveur du Congo et de son peuple.
Que vive la République Démocratique du Congo !
Que vive un Congo fort et souverain !
Très respectueusement,
Me Michel Djoko Maleo
Avocat près la cour
maleomichel@gmail.com
Josué Muleli
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