Au Kongo Central, la voix de la députée nationale Percy Nzuzi Umba résonne avec gravité et détermination. Dans une lettre ouverte adressée au gouverneur, l’élue de Matadi s’alarme d’une dérive autoritaire et communicationnelle au sein du gouvernorat provincial. Sans agressivité mais avec une fermeté rare dans le discours politique congolais, elle appelle à un sursaut de gouvernance fondé sur la vérité, la discipline et le respect du peuple.
Dès l’introduction de sa correspondance, Mme Nzuzi Umba se veut claire : sa démarche n’est ni polémique ni partisane. Elle affirme s’exprimer au nom de la responsabilité publique qui incombe à tout élu. « Se taire face à la dérive, c’est la cautionner ; et la cautionner, c’est trahir la confiance du peuple », écrit-elle, dans une formule qui a trouvé un large écho au sein de la classe politique provinciale.

L’élue de Matadi dresse un constat contrasté : elle reconnaît certains efforts du gouvernement provincial notamment l’encadrement des sociétés de gardiennage, l’appui à la société Kongo Énergie et la mobilisation accrue des recettes internes par la DGR/KC, mais regrette que ces acquis soient éclipsés par une gouvernance marquée, selon elle, par la désorganisation et une communication arrogante.
Elle s’en prend particulièrement à la gestion de la parole publique autour du gouverneur, qu’elle juge dévoyée. Sans citer de nom, Percy Nzuzi Umba évoque « des attitudes de provocation, de mépris et de confusion de rôle » dans la cellule de communication provinciale. Elle estime que la communication d’État doit rassembler plutôt que diviser, expliquer plutôt qu’humilier, et renforcer l’autorité du gouverneur plutôt que l’exposer à la dérision.

Son message prend des allures d’alerte démocratique : la députée appelle le chef de l’exécutif provincial à restaurer la cohésion au sommet, à ramener l’éthique et la mesure dans la gestion quotidienne, et à écouter davantage les voix critiques.
« Le Kongo Central n’a pas besoin de courtisans, mais de dirigeants responsables », écrit-elle encore, insistant sur la nécessité d’une gouvernance tournée vers les besoins réels des citoyens plutôt que vers les logiques de clan ou de communication spectaculaire.
Dans le même souffle, Percy Nzuzi Umba rappelle avoir, à plusieurs reprises, alerté sur la montée de l’insécurité dans les grandes villes de la province notamment à Matadi et Boma, ainsi que sur la dégradation du climat social. Elle déplore que ces signaux aient souvent été accueillis par des réactions de dénigrement plutôt que par une écoute constructive.
Au-delà de la critique, la députée invite à un changement de cap moral et administratif. Elle plaide pour une gouvernance « lucide, apaisée et inclusive », où le leadership provincial se montrerait capable de reconnaître ses limites pour mieux se corriger.
Pour elle, la grandeur d’un gouverneur ne se mesure pas à sa capacité de se faire craindre, mais à celle de servir et d’unir.

Cette prise de position, inhabituelle par son ton et sa précision, résonne comme un appel à la responsabilité collective dans une province souvent agitée par les tensions politiques internes. Si elle ne vise pas directement la personne du gouverneur, elle interroge la culture de gouvernance en cours au Kongo Central et met en lumière une question fondamentale : celle du rapport entre pouvoir, vérité et respect du citoyen.
En s’érigeant en rempart contre ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire du gouvernorat, Percy Nzuzi Umba endosse le rôle délicat mais nécessaire de vigie démocratique : une posture rare dans le paysage politique provincial, où le silence est souvent perçu comme synonyme de loyauté.
Josué Muleli
 
			        