La libération de Constant Mamvidila, ancien ministre provincial de l’Intérieur du Kongo Central, de la prison centrale de Makala le jeudi 7 mars 2025, a marqué un tournant majeur dans la politique provinciale. Après près de trois mois de détention, cet homme, autrefois au cœur des décisions politiques de la province, revient sur la scène politique congolaise avec un message de pardon et de réconciliation.
Mais au-delà des paroles de gratitude et de rédemption, une question persiste : Mamvidila peut-il véritablement retrouver son pouvoir et son influence dans le Kongo Central ?
Libéré grâce à une mesure de grâce présidentielle, Mamvidila n’a pas tardé à exprimer sa gratitude envers le chef de l’État, tout en appelant à l’unité et à la mobilisation nationale pour défendre l’intégrité des frontières. Mais cette libération, bien qu’accueillie par certains comme une victoire de la justice et de la réconciliation, n’efface pas les blessures du passé. Le scandale de l’affaire des tortures infligées à un citoyen, qu’il avait lui-même ordonnées, reste gravé dans les mémoires. Les accusations de torture et les images violentes diffusées à travers la province ont profondément ébranlé la confiance que beaucoup avaient en son leadership.
Les mois passés en détention ne semblent cependant pas avoir altéré son image de combattant politique. Mamvidila affirme, sans rancune, avoir pardonné à ceux qui ont contribué à son emprisonnement, soulignant que certains n’étaient pas au fait de la réalité de la situation au Kongo Central. Cette approche, calme et mesurée, pourrait séduire les partisans du pardon, mais elle ne gomme pas les rancœurs et les divisions qu’il a laissées derrière lui. Le Kongo Central, province stratégique et riche de ressources, ne lui pardonnera pas si facilement ses excès, surtout lorsque son autorité a été marquée par des méthodes autoritaires.
Mamvidila appelle à l’unité et à la mobilisation, mais peut-il vraiment espérer reconquérir le cœur des Congolais, après avoir perdu une partie de leur confiance ? Le Kongo Central, fracturé par des problèmes de sécurité, d’infiltration, et de ventes illicites de terres, ne se contentera pas de mots. Les Congolais exigent des actes. Et ces actes, Mamvidila les devra non seulement pour sa réhabilitation personnelle, mais aussi pour prouver qu’il peut encore incarner une alternative politique viable dans la province.
La réconciliation qu’il prône sera-t-elle suffisante pour effacer les scandales passés ? Les divisions qui ont émaillé sa gestion en tant que ministre de l’Intérieur du Kongo Central peuvent-elles être réparées par quelques discours de paix ? La politique provinciale, déjà en proie à des luttes internes et à des rivalités féroces, ne laissera pas de place à des gestes symboliques. Si Mamvidila veut retrouver son pouvoir, il devra faire face à une opposition résolue, y compris au sein de ses propres rangs.
La réalité est que Constant Mamvidila ne pourra pas reprendre son pouvoir comme s’il n’avait jamais été ébranlé. Son avenir politique, bien qu’il soit maintenant libre, reste suspendu à sa capacité à démontrer un changement tangible. Le Kongo Central, comme le reste du pays, est dans un état de désillusion vis-à-vis de ses dirigeants. Les habitants attendent des actions concrètes et efficaces. Mamvidila a certes exprimé sa volonté de travailler bénévolement pour le bien de la province, mais la question qui demeure est celle de la légitimité : peut-il convaincre ceux qui l’ont vu dans sa période la plus sombre ?
De plus, son appel à la mobilisation pour défendre les frontières et les terres congolaises sonne comme une promesse, mais peut-elle être suivie d’effets réels ? L’époque où un ministre pouvait prendre des mesures drastiques sans en subir les conséquences semble révolue. La société congolaise évolue, et avec elle, les attentes envers ses dirigeants. Mamvidila, qui a commis une grave erreur de jugement, devra prouver qu’il peut non seulement réparer les dégâts causés par son action passée, mais qu’il a un projet de société adapté aux défis actuels du Kongo Central.
Constant Mamvidila est libre, certes. Mais la liberté seule ne garantit pas un retour triomphal au pouvoir. La politique, surtout dans une province comme le Kongo Central, est un jeu où la mémoire collective et l’opinion publique jouent un rôle décisif. Mamvidila devra reconstruire sa crédibilité, redéfinir ses alliances et apporter des solutions concrètes aux crises sécuritaires et sociales qui minent la province. Si ce défi s’avère insurmontable, il pourrait vite devenir une figure du passé.
La réhabilitation de Mamvidila ne se fera pas en un jour, et encore moins par simple grâce présidentielle. L’homme est libre, mais son pouvoir devra être reconquis, et cela ne se fera pas sans épreuves.
Analyse de Josué Muleli
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