Attendue ce mercredi 5 mars 2025 à Matadi, la Première ministre de la RDC, Judith Suminwa Tuluka, entame, sauf changement de dernière minute, une tournée stratégique au Kongo Central. Après un meeting au terrain Damar, elle est annoncée à Kimpese et Kisantu le lendemain. Mais cette visite se limitera-t-elle à un exercice politique habituel, ou marquera-t-elle un tournant pour une province qui attend des actions concrètes, notamment face à la montée inquiétante de l’insécurité ?
Un terrain déjà conquis ou un public sceptique ?
Originaire du Kongo Central, Judith Suminwa arrive en territoire familier. Mais si son ancrage local peut jouer en sa faveur, il ne garantit pas un accueil entièrement enthousiaste. Depuis plusieurs années, la population exprime une frustration croissante face aux promesses non tenues des gouvernements successifs. Routes impraticables, chômage endémique, faible industrialisation… Les défis restent les mêmes, et la patience des habitants s’épuise.
À cela s’ajoute un problème qui cristallise toutes les inquiétudes : l’insécurité grandissante, notamment à Matadi et Kimpese. Cambriolages, agressions nocturnes, attaques contre des commerçants et même assassinats ciblés… Le climat devient de plus en plus pesant, et la population vit dans la crainte. La récente vague d’attaques contre des cambistes et des opérateurs économiques a choqué plus d’un, alimentant un sentiment d’abandon par les autorités.
Dans ce contexte tendu, son discours au terrain Damar devra aller au-delà des slogans politiques. Matadi, capitale économique de la province, incarne les espoirs d’un développement qui tarde à se concrétiser. Mais comment parler d’investissements et de progrès si la population ne se sent même plus en sécurité chez elle ?
Kimpese et Kisantu : des arrêts symboliques mais stratégiques
Après Matadi, la Première ministre doit se rendre à Kimpese et Kisantu, deux cités au potentiel économique et touristique certain, mais dont le développement reste entravé par des problèmes d’infrastructures et d’insécurité.
À Kimpese, les braquages sont devenus une préoccupation majeure. Les bandits profitent de l’absence d’éclairage public et du manque de patrouilles régulières pour semer la terreur. Les habitants, excédés, demandent un renforcement de la présence policière et des actions concrètes du gouvernement pour sécuriser cette agglomération.
Kisantu, malgré son attrait touristique avec son célèbre jardin botanique, n’est pas épargnée par la montée de la criminalité. Les commerçants locaux se plaignent d’une recrudescence des vols, tandis que certains habitants hésitent à circuler tard le soir par crainte d’agressions.
Ces arrêts traduisent une volonté de toucher différentes réalités du Kongo Central, mais au-delà des questions économiques, Judith Suminwa devra apporter des solutions concrètes à la crise sécuritaire qui gangrène la province.
Insécurité : la grande interrogation
Si la Première ministre ne met pas un accent particulier sur la question sécuritaire, sa visite pourrait être perçue comme déconnectée des préoccupations urgentes des habitants.
Le Kongo Central n’est pas seulement une province au potentiel économique immense, c’est aussi un territoire où la population commence à perdre confiance en l’État face à l’inaction sécuritaire. Quels engagements prendra-t-elle pour redonner aux habitants la tranquillité d’esprit qu’ils réclament ?
La visite de Judith Suminwa pourrait-elle être le déclic tant attendu ? Tout dépendra de sa capacité à dépasser le simple discours politique pour apporter des engagements fermes et des actions immédiates. Après son passage, une seule question comptera : aura-t-elle su convaincre, ou rejoindra-t-elle la longue liste des officiels venus promettre sans agir ?
Analyse de Josué Muleli
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