La gestion municipale de la ville de Boma dans la province du Kongo Central vient de connaître un tournant significatif. Alors que les appels à la démission du maire Pierre-Michel Senghor Mbutuyibi se faisaient de plus en plus pressants, une note officielle du gouverneur du Kongo Central, Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo, a ordonné la convocation urgente de ce dernier à Matadi pour des « consultations ».

Dans l’intervalle, c’est son adjointe, Maître Claudelle Phemba Kiadi, qui assure l’intérim. Une décision qui intervient dans un climat tendu, marqué par des manifestations annoncées et une interdiction générale de tout rassemblement décrétée récemment par le gouverneur.

Sur sa page Facebook, Maître Phemba Kiadi a affiché d’entrée de jeu une posture résolument tournée vers le changement. Elle y promet une gouvernance « transparente, rigoureuse et collaborative » avec pour priorité la stabilisation de la ville. Un message bien accueilli par une population fatiguée par la détérioration du climat sécuritaire, les tensions sociales persistantes et la stagnation économique.

Si certains observateurs y voient une simple mesure administrative, d’autres y lisent un signal politique fort. Le moment choisi pour cette convocation en pleine montée de la pression citoyenne alimente les spéculations sur une possible mise à l’écart du maire contesté. L’opinion locale reste divisée : sanction déguisée ou repositionnement stratégique ?

Dans les rues de Boma, les avis sont partagés mais teintés d’espoir. Beaucoup perçoivent cette transition comme une opportunité de redressement. L’adjointe, encore peu exposée, bénéficie d’un a priori favorable. « Une sage-femme bâtit sa maison », confie un habitant, dans un proverbe qui traduit l’attente d’un renouveau.
La suite des événements dépendra désormais de la capacité de la nouvelle cheffe intérimaire à passer de la parole aux actes.
Caris Nzita