Le président Félix Tshisekedi a dévoilé dans la nuit du 7 au 8 août 2025 la composition du nouveau gouvernement conduit par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Ce second exécutif, surnommé Suminwa II, compte 53 membres, soit un de moins que le précédent. Malgré quelques ajustements et l’entrée de visages nouveaux, la structure du gouvernement reste globalement inchangée, marquée par de nombreuses reconductions et une continuité affirmée dans les choix politiques.
Une équipe légèrement allégée, mais stable

La taille de l’équipe gouvernementale ne connaît qu’une légère réduction, passant de 54 à 53 membres. L’exécutif se compose de :
5 vice-Premiers ministres,
12 ministres d’État,
24 ministres,
5 ministres délégués,
6 vice-ministres.
Cette stabilité numérique traduit la volonté du chef de l’État de maintenir un équilibre politique, tout en intégrant certains ajustements répondant aux enjeux actuels.
Une majorité reconduite aux postes-clés

Les principaux portefeuilles régaliens restent aux mains de figures déjà présentes dans le gouvernement précédent. Parmi les reconduits :
- Jacquemain Shabani reste à l’Intérieur,
- Jean-Pierre Bemba conserve les Transports,
- Guy Kabombo Mwadiamvita demeure à la Défense,
- Jean-Pierre Lihau à la Fonction publique,
- Doudou Fwamba aux Finances,
- Thérèse Kayikwamba aux Affaires étrangères,
- Patrick Muyaya à la Communication,
- Julien Paluku au Commerce extérieur.
Ces reconductions traduisent une volonté de continuité, à la fois politique et institutionnelle, au sein d’un exécutif qui semble miser sur la stabilité plus que sur le renouvellement.
Quelques permutations et nouveaux entrants
Certains ministres changent de portefeuille, à l’image de :
- Sakombi Molendo, qui passe des Hydrocarbures à l’Énergie,
- Acacia Bandubola, désormais en charge des Hydrocarbures après avoir été aux Affaires foncières,
- Jean-Lucien Bussa, qui prend la tête du ministère de l’Aménagement du territoire.
Parmi les nouvelles figures, on note l’entrée remarquée de :

- Adolphe Muzito, ancien Premier ministre, nommé vice-Premier ministre en charge du Budget, un portefeuille qu’il connaît bien pour l’avoir déjà dirigé entre 2007 et 2008,
- Floribert Anzuluni, ex-coordinateur du mouvement citoyen Filimbi, nommé ministre de l’Intégration régionale,
- Guillaume Ngefa-Atondoko, ancien responsable des droits de l’homme à l’ONU, désigné ministre de la Justice,
- Grâce Kutino, pasteure, nommée ministre de la Jeunesse.
Opposition radicale absente, opposition modérée présente

Le nouveau gouvernement n’intègre aucun membre de la coalition Lamuka, dirigée par Martin Fayulu. D’après plusieurs sources, l’opposant aurait décliné les offres du président Tshisekedi, restant fidèle à sa position de refus tant qu’aucun dialogue inclusif – notamment via les confessions religieuses – n’est initié.
En revanche, l’opposition modérée est représentée par l’entrée d’Adolphe Muzito, signe d’une ouverture partielle dans un paysage politique toujours polarisé.
Un dosage politique assumé

Ce remaniement opère un dosage politique mesuré entre fidélité, continuité, et ouverture ciblée. Des figures loyales à l’Union sacrée, comme Eliezer Ntambwe (ministre délégué à la Défense – anciens combattants), ou encore John Banza (ministre des Infrastructures), font leur entrée au sein du gouvernement, récompensant leur engagement politique.
Le gouvernement cherche à conserver ses équilibres régionaux, politiques et institutionnels, tout en insufflant une dose de technocratie à certains postes stratégiques.
Une équipe attendue sur les résultats

Avec cette nouvelle composition, l’enjeu pour l’exécutif ne se situe pas dans le symbole du changement, mais dans la capacité à répondre aux défis majeurs du pays : insécurité persistante dans l’Est, gouvernance économique, emploi des jeunes, infrastructures et crédibilité internationale.
Malgré une faible rotation, le président Tshisekedi semble faire le pari que la stabilité politique et la fidélité des ministres en poste garantiront une mise en œuvre plus efficace de son programme de gouvernement, en cette nouvelle phase de son mandat.
Josué Muleli